Cauchois par son père natif de Goderville, Jean Prévost a fait ses études primaires à l’Ecole Primaire Supérieure et Professionnelle de Montivilliers dirigée par son père de 1907 à 1913, avant d’entamer en 1911 au Lycée Corneilles de Rouen des études secondaires.
Il fut au Lycée Henri IV en 1918, l’élève du philosophe ALAIN et fut reçu à l’Ecole Normale Supérieure en 1919. Il s’est très tôt affirmé, par la vigueur de son tempérament, par l’étendue de sa culture comme l’un des écrivains les plus doué de sa génération : tout à la fois journaliste (et journaliste " engagé " dès 1933-34), chroniqueur (dans plusieurs hebdomadaires et revues, dont "Europe " et la RNF), essayiste (Plaisirs des sports, 1925 ; Dix-huitième année, 1928), romancier(Les frères Bouquinquant, 1930 ;Le sel sur la Plaie, 1934 ; La chasse du matin, 1937), nouvelliste (Lucie-Paulette, 1935), historien (Histoire de la France depuis la guerre, 1932),sociologue (La Terre est aux hommes, 1936 ; Usonie, esquisse de la civilisation amériquaine, 1939), critique littéraire (Vie de Montaigne, 1931) et critique d’art, il a joui de l’affection et de l’admiration non seulement de ses amis et contemporains (Bost, Chamson, Vercors, Saint-Exupéry), mais de certains de ses aînés comme Mauriac et Martin du Guard.
Replié à Lyon après 1940, il s’est, dans le domaine de la critique littéraire, affirmé comme un précurseur, ouvrant la voie à de nouvelles lectures romanesques et poétiques, avec sa thèse de doctorat : La création de Stendhal, soutenue à Lyon en 1942, et son Baudelaire posthume (1953). Grand prix de littérature de l’Académie Française en 1943, il s’est dans le même temps, pour défendre les idées et les valeurs qui avaient été l’un des organisateurs du maquis du Vercors, il fut, sous le nom de " Capitaine Goderville ", l’un des chefs, constamment en 1ère ligne en juin - juillet 1944 à la tête de sa compagnie. C’est en tentant de sortir du massif encerclé et ratissé pour continuer ailleurs le combat, qu’il est tombé sous les balles allemandes le 1er août 1944 ; moins de vingt-quatre heures après que son ami Saint-Exupéry eut été abattu au-dessus de la Méditerranée.
Sa mort prématurée à quarante-trois ans a fait dire à François Mauriac : " Jean Prévost a donné plus que sa vie, il a donné sa pensée et ce qu’il faut appeler son génie ".
" Etre un esprit libre, un homme libre, c’est prendre sa part des problèmes dont nous dépendons tous, et que personne ne peut résoudre : la destinée et la politique.
" Refuser de s’en mêler, c’est s’abandonner aux pires esprits, ceux qui se croient sûrs et s’arrogent l’autorité aux présomptueux et aux fanatiques.
Le courage de choisir la clairvoyance, de choisir pour soi seul, la générosité de vouloir que chacun choisisse, telle serait la liberté : qu’une seule de ces vertus lui manque et elle meurt "
Jean Prévost
Lucien Lefebvre